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L’affreuse vérité
Oui le fils de caroline était vivant. Il était aujourd’hui âgé de dix
ans. Où était-il ? Elle hésita un moment, puis : « Il est toujours dans cette maudite communauté ». Etre
libre sans lui la minait depuis son évasion. La pensée de ce qui s’était passé
la faisait frémir d’horreur…. Il y a trois ans, elle avait presque réussi à
sortir de la secte sans se faire remarquer quand son fils Mickael s’était mis à
hurler, à se débattre et lui avait échappé ! Il ne voulait pas quitter sa
« maison » ni son père. Quel père ? Là était toute l’histoire.
Le commissaire Perlicchi apporta un verre d’eau à Caroline, ce simple
geste la mit en confiance et lui donna le courage de continuer son récit. Quel
drame allait-elle encore évoquer ?
Après l’accouchement, Thomas se présenta pour la féliciter d’avoir eu un
garçon. Ces effusions à retardement la mirent en colère ! Le dernier
souvenir qu’elle avait de lui était la fuite ! Où était son fils ?
Elle ne l’avait pas revu depuis la naissance plusieurs heures plus tôt. Il
tenta de la calmer en lui affirmant qu’ils allaient se rendre à la pouponnière
dès qu’elle serait en mesure de marcher. Les mamans avaient le droit de visiter
la pouponnière et la maison des enfants du Supervisor. Mais ce n’était pas le
fils du Maître mais celui de Thomas, pourquoi ne pouvaient-ils l’avoir avec
eux ? Thomas semblait nerveux par les questions de sa femme. Une
« sœur » lui tapota l’épaule et lui dit :
« Il
faut l’affranchir à présent, lui faire entendre raison, lui expliquer notre
vieille coutume de la descendance pour la survie de notre Ordre… »
Le commissaire commençait à entrevoir la vérité. Il avait beau être
habitué aux récits d’horreur mais là cela dépassait tout ! Caroline avait
la gorge serrée. Le commissaire lui prit la main. Lentement l’angoisse
s’amenuisait.
Thomas lâcha donc le morceau : Mickael est bien le fils du
Supervisor et non le sien… Caroline repensa à sa nuit de noce, la douleur
ressentie ! Le Maître l’avait violée ! Non hurla Thomas ! Mais
alors comment était-ce possible ? L’explication fut épouvantable.
« J’ai choisi la date de notre mariage en fonction de ta fertilité… Puis
tu as subi une insémination artificielle avec le sperme du Supervisor… Pour
être sûr que cet enfant soit de lui, nous n’avons pas eu de rapport jusqu’à ce
que tu sois enceinte… Maintenant nous pouvons avoir d’autres enfants
puisque le premier est un garçon…».
Comment avait-il pu se prêter à cette horreur ? Vu sa position dans
l’Ordre n’avait-il pas le loisir de donner son avis ? D’autres
enfants ! Jamais elle n’aurait d’autres enfants ! Thomas ne put
continuer car la « Sœur cuisinière » apportait le repas pour que
Caroline reprenne des forces. La jeune femme jeta le plateau à terre… Elle ne
voulait pas manger mais voir son fils, elle n’en avait que faire des miasmes de
ces lois stupides de l’Ordre. Thomas assistait impuissant à la colère
incontrôlée de sa femme
L’attitude de Caroline, du moins de
« Sœur Uriel », fut rapportée au Supervisor qui convoqua
aussitôt Thomas. Il lui fallait absolument calmer son épouse pour ne pas
provoquer de panique dans la communauté. Le Maître allait le désigner pour le
prochain degré de l’Ordre à la condition qu’il ait toujours l’ascendant sur son
épouse et qu’elle se conforme aux critères du Prisme de la Vérité. S’il n’y
parvenait pas, des mesures seraient prises pour la remettre dans le
« droit » chemin. Une initiation plus condensée serait alors prévue…
Il ne devait pas rester acteur mais participer à l’évolution de l’Ordre.
A suivre...
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