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Endoctrinement
Après ce mariage plus en larmes qu’en
joie, l’atmosphère au sein de la communauté était étouffante mais la vie
reprenait son cours. Le cheminement de l’enseignement se faisait astucieusement
avec une liste de cosmogonies à respecter selon l’usage de l’Ordre. Interdit de
manifester le moindre doute, la moindre phrase négative, les
« instructeurs » veillaient au grain ! Une ribambelle de
consignes à respecter surtout au niveau du costume, une vraie tenue de
carnaval !
Une succession d’adeptes de plus en
plus nombreux, défilaient comme des fantômes dans un jardin loin d’être
l’Eden !
Les cours du matin duraient une heure
où chacun était reconditionné pour ne pas se laisser abattre par la difficulté
et surtout pour ne pas avoir le temps de reprendre ses esprits. Admirable
endoctrinement ! Le pire de tout : les acclamations des adeptes à
chaque discours ! Caroline en faisait alors partie ! Thomas lui
expliquait, à sa façon, ce qu’elle ne comprenait pas ou ne voulait pas
admettre. Sa force de persuasion était immense. Il parvenait à la mettre dans
un état de vulnérabilité qui la tenait en laisse.
Elle ne comprenait rien à l’attelage
de l’Esther chimique, vital, lumière ou réflecteur, tout s’embrouillait dans sa
tête mais toujours Thomas l’assistait et elle se disait que si lui comprenait
c’était l’essentiel. Sa vie ne paraissait pas trop difficile, du moins tant
qu’elle portait un enfant.
Elle s’habituait à la nourriture
bien qu’elle se sentait faible par moment. Un jour cependant elle demanda à
« Sœur Elia », la personne avec laquelle elle s’était liée, dans
quelle maternité elle allait accoucher. Les yeux de sœur Elia s’agrandirent par
la surprise ! Elle ne savait donc pas ! Mais savoir quoi ? Elle avait vraiment piqué sa curiosité ! Elle
ne pouvait parler sinon elle serait punie… Mais elle avait cinq enfants elle
pouvait donc lui donner ce renseignement ! Cela faisait partie des
interdictions, du moins pour le premier enfant si c’était un garçon, sinon…
Sinon quoi ?
Le bleuté du ciel devenait soudain
gris, et la peur se manifestait. Thomas vint une nouvelle fois à la rescousse.
Sœur Elia avait eu un accouchement difficile et perdu un enfant, elle était
donc pessimiste. Il ne fallait pas l’écouter. Le mieux pour elle était de
chasser toutes ces pensées de son cerveau, de garder en elle cette chaleur
individuelle qui rendait tout positif. Lors de la cérémonie de l’accouchement
il serait près d’elle. Cérémonie ? Juste un mot propre à l’Ordre…. Il
avait réussi à chasser ses appréhensions.
Caroline apprit plus tard que Sœur
Elia s’était retrouvée en quarantaine dans le pavillon des ancolies. Il portait
ce nom en raison des fleurs peintes sur une des façades.
A suivre
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