30 décembre 2012

Les enquêtes du commissaire Perlicchi 5







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La vie en communauté.

           Caroline tentait de mettre de l’ordre dans ses pensées.  Après cette nuit de noces sans poésie, sans alchimie amoureuse, dont elle ne se souvenait que de peu de choses, elle cherchait à savoir le pourquoi du comment.  Evidemment personne ne voulait la renseigner, elle voyait une sorte de crainte dans les yeux des femmes à qui elle posait des questions. Thomas lui conseilla, pour sa sécurité et son bien,  de ne pas parler de choses intimes avec les « Sœurs ». Intime ! Mais rien n’était intime ! Elle se souvenait vaguement de personnes en blouses blanches autour d’elle et de la douleur ressentie. De plus il n’y avait aucune amélioration dans leur relation personnelle. Pourquoi une telle indifférence ? Pourquoi ne la touchait-il pas ? Qu’elle était la raison de son indifférence ?


-        ma chérie, la loi de l’Ordre veut que nous soyons chastes pendant six semaines…



-        Chastes, nous devons rester chastes ! Tu as vraiment le don de me faire rire ! Quelle ironie après ce que j’ai subi !



-        Tu comprendras plus tard…Fais-moi confiance. 
  

          Caroline sentait bien que cette « société » bigarrée comportait des éléments disparates, étranges, mais amoureuse de son mari, elle était encore malléable aux conventions du « Prisme de la Vérité ». Il faut dire que Thomas jouait à merveilles avec ses émotions. Cependant elle réalisait que, comme cendrillon sortant de son carrosse après minuit, il s’était transformé, non pas en citrouille, mais en cellule de prison.


          Tous les matins elle se levait à six heures pour arroser ses plantations diverses, avant le lever du soleil puis elle se rendait au lavoir car les machines à laver n’existaient pas dans la communauté. De plus elle avait dû abandonner ses affaires personnelles pour revêtir la robe conforme attribuée aux femmes, une longue tunique en tissu grossier qui de temps en temps lui procurait des démangeaisons sous les bras et sur la poitrine car les soutiens-gorge n’étaient pas de mise non plus.  La nourriture macrobiotique ne lui convenait pas et après un mois, elle se sentit mal. Plus le temps passait, plus elle déchantait.


          Le commissaire Perlicchi comprenait mal pourquoi elle n’avait pas pris ses jambes à son cou aux premières lueurs de lucidité. Caroline ne répondit pas tout de suite, puis… Parce qu’elle venait de s’apercevoir qu’elle… attendait un enfant… Un seul rapport dont elle ne se souvenait qu’avec horreur, son mari avait une calculatrice dans la tête !  C’est vrai qu’il lui avait demandé de multiples détails avant de se marier… Et où était cet enfant ?  Elle ne répondit pas… Les larmes coulaient sur son visage mais elle continua son récit :


          Thomas fut transporté de joie à cette nouvelle ! Leur nuit de noces avait été prolifique ! Quel histrion son époux!  (Elle repensait à lui et  se dit qu’il était vraiment grotesque… Un peu fou ce romain !) Néanmoins sa bonne humeur contamina Caroline qui oublia tout ce qui ne concernait pas cette future naissance. Les convenances en pareil cas étaient que Caroline prenne soin d’elle et du futur bébé et ne fasse plus les travaux lourds comme la lessive au lavoir. Les autres sœurs les feraient pour elle. Etre enceinte n’était pas une maladie ! 


-        Chut caroline, le mot enceinte est interdit ici… Tu portes un bébé… Et j’espère que ce sera un garçon…



-        Et si c’était une fille ?



-        Il faudra recommencer jusqu’à la naissance d’un garçon…



          Caroline allait de surprise en surprise… Ce qui l’énervait le plus c’étaient les mots « sœur » et « frère » et surtout: « Sœur Uriel » dont on l’affublait ! Elle avait l’impression d’avoir perdu son identité. Là encore le champion Thomas intervint pour la rassurer.


-        Sois raisonnable, c’est une facilité pour nous tous qui avons quitté le monde matériel et utopiste d’antan, nous devons faire abstraction de cette vie passée pour nous concentrer sur celle que nous avons aujourd’hui. Il n’y a pas d’alternance possible. N’es-tu pas heureuse avec moi, avec ce futur bébé ? je t’aime, ne l’oublie jamais, nous sommes liés pour l’éternité…

          Cette phrase aujourd’hui, dans ce commissariat, sonnait macabre… Même le commissaire en avait des frissons et les poils qui se dressaient sur les bras ! Toujours la même antienne dans ce genre de cas. Un leitmotiv énervant, stressant, car la police se sentait impuissante face aux lois qui régissaient ce genre de fondation sectaire. Ce Supervisor se prenait pour un sphinx en terrorisant tous les membres de sa communauté avec une telle subtilité qu’aucun ne s’en apercevait vraiment. Il devait tomber et l’aide de Caroline était précieuse. Pourvu qu’elle ait le courage d’aller au bout de son action !

A suivre...

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