20 novembre 2018

Mardi poésie : Le specte de la rose


Soulève ta paupière close 
Qu'effleure un songe virginal ; 
Je suis le spectre d'une rose 
Que tu portais hier au bal. 
Tu me pris encore emperlée 
Des pleurs d'argent de l'arrosoir, 
Et parmi la fête étoilée 
Tu me promenas tout le soir.

Ô toi qui de ma mort fus cause, 
Sans que tu puisses le chasser 
Toute la nuit mon spectre rose 
A ton chevet viendra danser. 
Mais ne crains rien, je ne réclame 
Ni messe, ni De Profundis ; 
Ce léger parfum est mon âme 
Et j'arrive du paradis.

Mon destin fut digne d'envie : 
Pour avoir un trépas si beau, 
Plus d'un aurait donné sa vie, 
Car j'ai ta gorge pour tombeau, 
Et sur l'albâtre où je repose 
Un poète avec un baiser 
Ecrivit : Ci-gît une rose 
Que tous les rois vont jalouser.




4 commentaires: