Equipée
inattendue
1
Evasion
Novembre 2001, l’alchimie n’était pas
au rendez-vous dans le foyer de Louise et Gary. Il avait le don de l’exaspérer
avec ses éternels reproches en ce qui concernait les problèmes financiers de
leur entreprise. Les expressions, les phrases, viraient au brusque et à
l’insulte. Comme elle s’occupait de la comptabilité, il la rendait responsable
de tout. La résistance de Louise avait des limites, elle devait sortir de cet
univers stressant. Artiste amateur, elle aimait peindre, cela la défoulait d’où
le dernier tableau, un champignon atomique, comme si l’explosion sortait de ses
propres tripes. Il y eut aussi la représentation de l’Etna, un mystère pour son
mari quand il fixa le tableau mais pas pour elle. Chaque innovation sur la
toile était une délivrance de ses soucis.
Un jour Internet entra dans sa vie,
d’abord pour faciliter les comptes de la société puis de façon constante sur un
site de dialogue « ChérieFM ». C’était divertissant car elle abordait
avec ses interlocuteurs, essentiellement masculins, des sujets autres que le
travail de son mari et les relevés bancaires. Ce parcours en parallèle l’aidait
à supporter la routine. En quelque sorte elle prenait la tangente, elle
s’évadait d’un monde ennuyeux.
Avec le temps, l’interlocuteur de
pseudo, Araucano, devint unique et les écrits plus intimes, les échanges
plus personnels mais rien d’équivoque car elle avouait être résolument fidèle.
Elle traversait une période trouble dans son couple et avait besoin de sortir
de toutes ces turbulences qui lui gâchaient la vie. Une aventure extraconjugale
de Gary la faisait encore souffrir pourtant dix ans s’étaient écoulés. Elle fit
cette confidence à Gary, et bien d’autres… Elle ne se méfiait pas, l’homme dont
elle n’avait vu que la photo résidait de l’autre côté de l’océan à plus de sept
mille kilomètres de chez elle. Puis,
avec le décalage horaire, elle ne dormait plus guère et ses nuits devinrent
agitées…
Certains diraient qu’elle était en train de se dévergonder mais non, ce
n’était qu’une fantaisie pour changer son quotidien. Rebelle à toute habitude et
stagnation dans son existence, elle ouvrait la porte à une certaine liberté.
2
Le
mail
Le temps faisait son œuvre d’addiction.
Elle ne pouvait plus se passer des mails. Dès qu’arrivait vingt deux heures,
après le film de la soirée, regardé avec son époux, elle s’enfermait dans son
bureau et claviotait comme disait
Araucano. Arriva le jour de la déclaration d’amour qui la laissa dubitative
mais aussi pantelante et troublée. Il disait l’aimer alors que lui aussi était
marié. Louise aurait dû arrêter les frais mais ne le pouvait pas. Les
conversations se poursuivaient même à l’aide d’une caméra respective depuis la
veille. Son esprit s’enflammait. Puis arriva ce mail qui la bouleversa
complètement :
Louise
chérie,
J’espère que ce petit texte ne te
choquera pas. Je l’ai écrit en pensant à toi que je vois si belle sur la
caméra. Je t’envoie un baiser voyageur, imagine son périple, découvre le désir
que tu provoques en moi. Visualise chaque mot, chaque phrase comme si tu
effeuillais une pâquerette.
Mon petit baiser décide de prendre la
route des délices et commence sur ton front sous ta petite mèche puis à la
racine de tes cheveux auburn, ma dulcinée tendrement endormie. Furtivement, un
peu timide, il effleure tes paupières closes cachant tes grands yeux verts
langoureux. Il ne s’attarde guère et se dirige vers ton oreille ornée d’un
anneau d’or. Il se risque à entrer un peu… pas de réaction ? Dors-tu ou
fais-tu semblant ? Je t’imagine consentante.
Baiser mutin s’enhardit, se pose sur
ton cou long et délicat puis dans le creux de ton épaule. Un tressaillement ?
C’est bon signe. Premiers petits monts fermes à escalader, parviendra-t-il au
sommet de sa course ? Lentement il les contourne, un changement s’opère.
Miracle ! Les pointes se dressent comme des épis. Il devient conscient de
l’efficacité de la caresse, il entrouvre les lèvres puis les referme doucement
sur un dard puis sur l’autre… Comme il se sent bien et finalement les aspire
goulûment.
Baiser à regret quitte ces tertres et
l’invasion continue. Par petites touches traverse ton estomac et vient se lover
dans le petit creux du nombril où brille un diamant qui le gêne un peu. Pour ne
pas être trop direct et faire durer le plaisir il s’attarde sur tes hanches
rondes puis sur tes cuisses. Osera-t-il aller plus loin ? Vas-tu
l’accepter ? Je t’imagine tressaillir et t’abandonner à la féérie du
moment.
Il n’en faut pas davantage à cet
espiègle baiser pour se convaincre de devenir plus pressant. Il traverse le pré
de ton ventre ferme et, très lentement malgré son impatience, s’avance vers un
peu de gazon puis une forêt sombre et douce comme de la soie qui de tempérée
devient torride… Un tremblement de terre intense à faire tomber les blés sans
les moissonner le bouscule et là, il botte en touche et s’engloutit. Il n’a pas
envie d’être sauvé, de revenir à la surface, juste être noyé par le plaisir.
J’ose penser que ce baiser voyageur a
eut son petit effet ?
Répondras-tu à ce message ?
Louise se dit qu’Araucano allait trop
loin, elle lui avait pourtant dit qu’elle était fidèle à son mari. La
défiait-il ? Evidemment ! Il jouait sur la corde sensible de la femme
un peu oubliée par son mari pour raison professionnelle et qui de plus l’avait
trompé. Araucano réveillait une
ancienne douleur et s’en servait à merveille seulement elle ne le vit pas tout
de suite.
Le téléphone résonna dans le bureau. Vite elle décrocha pour que Gary ne
l’entende pas : Allo, bonsoir… Elle ne put prononcer la moindre
parole… Elle savait que c’était lui….
3
Dispute
Tandis qu’Araucano était heureux de parler
à Louise au téléphone, elle ne faisait qu’écouter. Sa caméra n’avait pas de son
alors elle n’avait jamais connu le timbre de voix de son correspondant. Elle
s’en voulait d’être aussi émotive. Il lui avait promis de téléphoner un de ces
jours mais elle ne pensait pas tout de suite…. Une armée de pensées diffuses
agressait son cerveau en ébullition. Heureusement qu’il ne voyait pas son
visage à ce moment là ! Et Gary non plus d’ailleurs ! Elle tendit l’oreille…
Pas de bruit, seul le ronflement habituel pour cause de journée éreintante…
Dès qu’elle le put, le lendemain
après le repas du soir et le film, elle retournait sur son ordinateur attirée
par le bal des mots gentils. Elle ne déguisait pas ses propos, et se lançait
inconsciemment dans des confidences très intimes. Lui-même, quoique pas habitué
à parler de lui, selon ses dires, commença à se dévoiler. Il disait que se
débarrasser de sa tenue de camouflage en sa présence lui faisait du bien. Il
avait toujours pour habitude de celer ses sentiments car souvent déçu. Louise
se demandait quand même s’il ne dissimulait pas un sombre dessein depuis le
mail érotique.
Il avait un leitmotiv :
« pourquoi ?» dès qu’elle abordait un sujet la concernant. Son mari
ne s’occupait plus d’elle : pourquoi ? Elle s’était décidée à parler
à des étrangers : pourquoi ? Et surtout pourquoi lui si loin ? Montréalais
ou Vénitien quelle importance sur Internet ? Elle pensa : Ainsi tu ne me fixeras pas de rendez-vous mais
elle se garda bien de lui dire. Erreur ! Il lui proposa un billet
d’avion ! Cela n’embaumerait pas la sérénité chez elle si elle acceptait
de partir ! Quel pieux mensonge pourrait-elle trouver ? Déjà que son
couple était friable comme de l’argile, non par les sentiments mais par le
manque d’attention et les relations professionnelles mêlées à l’intimité.
En décembre Araucano lui annonça que
pour les vacances de Noël, il prenait quelques jours et partait en famille en
Floride, à Miami. Il espérait qu’elle ne l’oublierait pas. Il était unique en
son genre ! Pourquoi se morfondrait-elle en attendant son retour ?
Cependant, elle trouva le temps long
et retourna sur « Chérie » FM » correspondre avec d’autres
personnes, un en particulier : « Paul31 ». Au début les échanges
furent sympathiques. Elle eut droit à une farandole de compliments en envoyant
sa photo par mail. Puis il lui posa des questions plus intimes. Décidément, les
hommes ne pensaient qu’à cela ! Et bien puisqu’il voulait un message
érotique, Il allait être servi ! Louise prit la plume et ensuite pianota
sur son clavier pour lui envoyer ce qu’il demandait. Les idées ne manquaient
pas ! Après cet épisode, elle cessa de correspondre avec lui.
Début janvier, Araucano fut de retour
sans une seule fois avoir envoyé un message ou un coup de fil. « Ma femme était collée à moi tout le
temps » Evidemment bien sûr ! Puis arriva le jour étrange où
Araucano pirata l’ordinateur de Louise, du moins le site Hotmail. Il lui
reprocha d’écrire à d’autres et surtout le fameux texte érotique ! Une
véritable comédie dramatique ! Bon sang, elle ne faisait pas de mystère en
ce qui concernait les autres interlocuteurs ! De plus ce texte n’était pas
pailleté de vérité, juste un écrit sans importance et plein d’hypocrisie !
Il lui faisait la crème des scènes, incroyable ! Cependant le plus
incroyable fut la réaction de Louise quand il lui annonça qu’il ne voulait plus
lui parler. Elle se sentit très mal et se mit à pleurer. De colère parce
qu’elle s’apercevait de la place qu’il avait pris dans sa vie, elle donna un
grand coup de pied dans tous les dossiers alignés au sol dans son bureau. Ce
fut un vrai carnage qui fit dire à Gary le soir : « tu as une drôle de façon de ranger tes affaires… » Elle
faisait la grimace car maintenant il fallait tout remettre en place.
Louise renvoya un message à Araucano
en lui demandant ce qui le mettait tant en colère, il lui répondit qu’il
n’avait plus confiance. Il ne manquait pas d’aplomb ! Elle n’avait rien
promis et de plus elle n’était pas mariée avec lui ! Néanmoins les
échanges reprirent. Il avait une façon d’agir comme s’il voulait l’avoir à
l’usure pour qu’elle n’écrive plus qu’à lui. Il alternait gentillesse et crise
de jalousie tout en la culpabilisant et en même temps en la valorisant en tant
que femme à part entière. Très subtil….Belle manipulation…Elle le savait, le
sentait mais acceptait.
Puis le drame, il oublia un soir la photo de Louise sur son ordinateur
personnel et sa femme la découvrit…. Elle eut cependant la ferme intention de
lui dire la vérité
4
Voyage
ou pas ?
Araucano paniquait, Mercedes, sa
femme, avait la ferme intention de connaître toute la vérité, inutile pour lui
de chercher des excuses, elle voulait tout savoir sur Louise. Elle posait une
foule de question : « Lui
téléphones-tu et quand ? Est-elle mariée ? Où habite-t-elle ? Je
veux que tu l’appelles devant moi… ». Comme un enfant pris en faute, il
tremblait de tous ses membres quand il eut Louise au bout du fil. Pourquoi
appelait-il ? « Pour te dire
que tout est fini, que tu dois cesser de m’appeler… » Et il raccrocha.
Mais c’était lui qui téléphonait ! Louise se sentait mal, tant par l’appel étrange
que par le fait de ne plus lui parler. Zut et zut ! Pourquoi se mettre
dans un tel état pour un inconnu à des milliers de kilomètres ?
A quinze heures du même jour, il
l’appela de son bureau. Il se confondit en excuses en lui assurant que ses
paroles n’étaient pas la vérité mais qu’il fut obligé de les prononcer. Son
desideratum était qu’ils continuent à converser mais uniquement pendant les
heures de travail. Il la suppliait d’accepter car il ne pouvait plus se passer
d’elle. Avec le décalage horaire cela signifiait pour Louise, de quinze à
vingt-trois heures. Après tout cela lui laisserait toute la matinée pour faire
son ménage et les divers travaux de la maison. De plus elle pourrait se coucher
plus tôt. Lorsqu’elle lui fit part de ces réflexions, il fut tout chamboulé
parce qu’elle prenait sereinement la situation. Evidemment ! Louise ne
serait plus sous son emprise toute la journée !
Il réitéra son vœu de la voir au
Canada et la serina avec ce souhait tous les jours pour qu’il lui entre bien
dans la tête, c’était pire qu’une publicité subliminale ! La graine semée
dans son cerveau à intervalle régulier, lentement germa et prit une importance
grandissante. Cela dura un an puis elle réserva un billet pour Montréal. Il
fallait maintenant aviser son époux et là ce serait coton ! Emigrer en
Amérique du Nord même une seule semaine ne serait certainement pas à son
goût ! Gary ne fit aucun
commentaire ! Devait-elle se méfier de cette indifférence ? Pas vraiment
normal son comportement….
Louise partit seule à l’aéroport
quatre mois plus tard. Sept mille kilomètres de chez elle la paniquaient un peu
et à l’aéroport elle fut tentée de rebrousser chemin. Sept heures trente de voyage dans un avion de
la compagnie « Air-Canada », des turbulences à mi-chemin et son
visage devint pâle à mourir. Un couple québécois lui fit la conversation et
finalement elle débarqua un peu plus calme. Araucano devait l’attendre à son
arrivée.
Tandis qu’elle prenait la sortie
après avoir récupéré sa valise, elle ne vit pas Araucano. Cela commençait
bien ! Elle s’adossa à un grand pilier quand il arriva en courant. Il
regardait les voyageurs le regard inquiet. Louise s’amusa de la situation. Elle
se posta derrière lui et dit simplement : « je suis là ». Elle eut tout juste le temps de finir sa phrase
qu’il la serrait contre lui à l’étouffer ! Un canadien très exubérant !
A vrai dire plutôt latino car autrefois faisait partie du Melting Pot chilo-canadien
lors du charter des exilés chiliens fuyant
le régime Pinochet. Cependant sa plastique à peau claire était étonnante. Sans
l’avoir appris par lui, jamais Louise n’aurait deviné son appartenance
ethnique.
Dans le taxi, au cours du trajet sur
l’autoroute Ville-Marie il ne pouvait s’empêcher de fixer le visage de Louise.
Il répétait sans cesse : « Je
n’arrive pas à croire que tu es là, la caméra faussait ta beauté, tu es
magnifique… »
Arrivés dans la chambre
d’hôtel : à peine la porte fermée, il la plaqua contre le mur. Ses mains
couraient partout sur le corps de Louise. Ce rendez-vous clandestin lui donnait
la pêche et exacerbait ses sens. Il ne cachait pas son désir et furtivement lui
fit sauter le soutien-gorge. Pas difficile d’imaginer la suite ! La
mutation ami-amant la transporta dans un monde qu’elle connaissait mais plus
depuis…des lustres…. Ils réagissaient comme deux adolescents à la découverte de
l’amour…
5
Jalousie
Après ces ébats fougueux, Louise
encore tout étourdie se demanda ce qu’elle faisait si loin de chez elle. Ses
idées et questions vagabondaient dans un brouillard complet, elle évitait
cependant que cela soit visible sur son visage. Le fantôme de la culpabilité
commençait à la hanter. Allait-elle dire la vérité à son mari ou
traverserait-elle l’orage sans un mot ?
Romero, alias Araucano lui demanda
soudain : Pourquoi as-tu fait les
yeux doux au réceptionniste ? Etait-il tombé sur la tête ? Il lui
lançait des « je t’aime » à n’en plus finir et voilà que brillait la
jalousie ! A la lumière d’une proche scène, un voile apparut immédiatement
sur la relation. Elle avait sourit en
toute innocence à l’homme qui lui donnait la clé de la chambre. Il n’y avait
pas de quoi en faire toute une
histoire ! Qu’il ne lui prenne plus la fantaisie de lui faire une
telle remarque pour une insignifiante attitude simplement polie !
En fin d’après-midi Romero eut soudain ses vapeurs et devint
nerveux. Que se passait-il encore ? Il devait rentrer chez lui pour dix
huit heures au plus tard, comme tous les soirs quand il quittait son bureau
sinon sa femme se douterait de quelque chose. Louise eut un petit pincement au
cœur mais après-tout, il fut honnête à ce sujet, elle connaissait cette
exigence depuis le début. Elle irait dîner dans un restaurant du coin. Seule ? Cette question l’agaça. Il
n’était pas concerné, après son départ elle avait quartier libre ! Il la quitta très peu rassuré. L’invisible
confiance du latino n’augurait rien de bon. S’il continuait à nager ainsi en
eaux troubles, cela n’allait pas le faire….
Les restaurants français étaient
introuvables à proximité de l’hôtel alors elle jeta son dévolu sur un snack
belge où elle eut un steak frites, des crudités, un dessert et un verre de vin
pour sept dollars canadiens soit moins de cinq euros. Ce ne fut pas la ruine et
de plus très bon.
En regagnant sa chambre, elle
téléphona à son époux pour lui dire
qu’elle était arrivée à bon port et qu’elle trouvait le pays agréable. En colère,
il lui reprochait son départ. Pourquoi n’avait-il pas fait le moindre geste
pour la retenir ? Il répondit
d’une voix triste : « Je ne
pensais pas que tu partirais ». Elle vit son visage diaphane dans le miroir de
la salle de bains et pensa : une folie
qui risque de me coûter cher. Cette nuit là elle fit des cauchemars.
Romero arriva le lendemain avec des
muffins croyant la trouver au saut du lit mais Louise était prête pour la
visite de Montréal. Ils prirent néanmoins le petit déjeuner ensemble. Un
dernier regard dans la psyché de la chambre et les voici parti bras
dessus-dessous pour le complexe Desjardins dans la rue Sainte-Catherine. Romero
dissimulait mal son désappointement, il pensait certainement rester dans la
chambre toute la journée. Mauvaise politique, Louise avait envie de s’en mettre
plein les yeux et de faire des photos de ce pays qu’elle aimait beaucoup. Au
déjeuner elle découvrit la « Poutine », un grand carton de frites
avec un fromage indéfinissable et une sauce tout aussi inconnue au goût. Ce
n’était pas mauvais mais bourratif, surtout avec un café au lait ou un
chocolat !
Puis ils marchèrent jusqu’au quartier
latin, longèrent les rives du fleuve Saint-Laurent et là Louise eut un moment
de fatigue, certainement dû au décalage horaire, si bien qu’ils firent le
chemin de retour en bus. Le soir, pas envie de bouger, alors elle commanda une
pizza et regarda la télé.
La semaine passa très vite, en visite
de musées, du quartier chinois et pour finir à l’oratoire Saint-Joseph. Le
calme et la sérénité de l’endroit invitaient à la réflexion. Louise se retrouva
en pleine nudité morale, incapable de supprimer ce sentiment de gêne depuis
qu’elle était entrée dans ce lieu saint, comme si un prisme de cristal
l’hypnotisait et l’empêchait de bouger. Romero plongea son regard lagon dans le
sien et remarqua son émotion.
Cette dernière journée le rendait triste. Dans quelques heures elle
reprendrait l’avion du retour. Cette fois ils étaient désemparés tous les deux.
Sentaient-ils qu’elle ne reviendrait pas ?
L’anxiété gagnait Louise à l’approche
de chez elle. Dans le taxi elle tremblait. Qu’allait-elle trouver à
l’arrivée ? Son mari était là et ne fit pas dans la dentelle ! Il lui
reprocha violemment ce départ. Il pensa sans lui dire : Qu’elle écrive sur Internet ou sur son blog est
une chose mais partir à sept mille kilomètres, quelle ineptie ! Soudain
son visage dur s’adoucit et rassuré, il dit
à Louise : Je pensais que tu m’avais
quitté….Content que tu sois revenue…
FIN
Dame mauve le 28 janvier 2014
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