Les enquêtes du commissaire Perlicchi 18 et FIN

18

La fusillade

          Caroline fixa Mathieu, il chancelait, mais de peur. Ni l’un ni l’autre n’était touché. Tonio Perlicchi cria : « Allez, vite ! Mettez les deux témoins à l’abri comme convenu ! » Puis il s’engouffra à l’intérieur du commissariat car le bruit des coups de feu venait de l’intérieur.

          Le prêcheur du mythe d’un monde exceptionnel et irréel gisait sur le sol. Frère Thomas tenait un pistolet à la main. Personne n’avait pensé à le fouiller lors de son arrestation. Il savait qu’il ne pouvait s’échapper alors le posa au sol et demanda à parler au commissaire en particulier.  Il avait fini sa guerre contre le Supervisor. Il aurait pu tenir encore longtemps le rôle de l’adepte consentant mais voir Caroline l'avait désarçonné, il devait se réveiller avant qu’il ne soit trop tard. Il n’en pouvait plus. 

          Le « Maitre » lui avait dit en souriant « Je vais bientôt sortir, mes avocats ont réussi à persuader le juge en passe de l’affaire… Je vais faire payer à ce serpent de Caroline sa trahison… Mon châtiment sera implacable… » Thomas en avait assez de cette guerre avec lui-même. Son infiltration dans la secte lui pesait trop. 

          Voir son frère complètement détruit, traînant la jambe comme un pauvre diable, ses parents complètement sous influence sans qu’il ne puisse les aider… Caroline entraînée malgré elle dans une mission qui aurait pu la détruire… Son fils Mickael endoctriné… Le commissaire l’arrêta : « votre fils ? » Thomas allait en parler….

          Un regard furtif vers le corps, comme s’il voulait s’assurer qu’il était bien mort…. Thomas n’avait aucun regret et il ne fallait surtout pas que ce charognard soit perçu comme un martyr par les adeptes. Pas d’oraison funèbre pour les salauds….

           Il devait appeler un numéro spécial et faire part de son geste non prévu au programme. Quel programme ? L’infiltration dans la secte…. Et vous avez pu laisser votre femme entre les mains de ce gourou le soir de vos noces ? L’insémination ne s’était pas faite avec le sperme du maître, mais avec le mien. La subtilisation fut facile. Cependant, je ne pouvais le dire à Caroline…. Tout devait être crédible…. Tonio Perlicchi se dit que Thomas faisait un drôle de métier ! 

          Lors de son appel au bureau des services spéciaux, Thomas fut prié de s’y rendre, seul. Tonio Perlicchi ne l’entendait pas de cette oreille, Qui allait avoir la tête dans la piscine ? Lui bien sûr ! Le meurtre avait eu lieu dans son commissariat ! Il prit le téléphone des mains de Thomas : « Je fais quoi maintenant avec le cadavre ? ». Une voix aigre-douce lui répondit « Le gourou s’est suicidé…Faites un rapport dans ce sens… Faites en sorte que ce rapport soit plausible… Nous vous faisons confiance… Vous n’aurez pas de problème… Suicide aussi pour la journaliste qui vous harcelait… Nous sommes au courant de tout… »  Tonio Perlicchi était en colère d’avoir été manipulé mais il ne pouvait que suivre les ordres. 

          Lorsque la brigade se rendit à l’Ordre du Prisme de la vérité, les bâtiments étaient vides… Les adeptes avaient disparus. Ils avaient dû quitter les lieux au milieu de la nuit. Qui donc les avait prévenus ?    Plus de gourou, plus d’adepte, plus d’affaire… C’était frustrant. 

   Quelque chose cependant intriguait le commissaire. Des gardes se trouvaient devant la propriété alors comment étaient-ils sortis ? Il cria : « Fouillez le moindre recoin de cette propriété, je crains le pire ! » Thomas les guida vers un sous-bois, puis à une trappe à même le sol dont l’inscription faisait froid dans le dos : « L’orée de la nouvelle vie ». Thomas précisa : les adeptes étaient instruits pour s’élever vers cette ultime vie.

          Le souterrain était une descente en enfer. Des escaliers interminables, une galerie éclairés par des flambeaux et l’atroce spectacle : Hommes, femmes, enfants gisaient sur le sol. Les premiers examens attestèrent la prise de poison. Pourquoi tous ces gens s’étaient-ils donné la mort ? C’était prévu en cas du décès du Maître… C’est pourquoi Thomas ne voulait pas que cela se sache avant d'avoir mis tous ces gens à l'abri....

          Thomas  avoua tout à Caroline. Elle se mit dans une colère incontrôlable ! Leur fils était traumatisé à vie ! Le traitement allait être très long et elle ne savait pas encore ce qui en résulterait ! Elle avait subi des outrages et il n’avait rien fait pour les éviter ! Quel homme digne de ce nom pouvait faire endurer cela à sa femme ? Et ton frère ? Il avait tenté de l'aider lors de la cérémonie de ses douze ans, c'était lui l'adepte masqué qui lui avait parlé...   Elle ne voulait plus rien entendre, plus jamais le voir…De toute façon ils n’étaient pas vraiment mariés… Par contre, elle voulait qu’il assume tous les frais de santé de Mickael. Il accepta, voulut faire un geste vers Caroline, elle le repoussa violemment, son regard traduisait toute l’horreur qu’il lui inspirait… ce n’était que justice…

          Les dessous de l’affaire ne furent jamais dévoilés

FIN

 

N°89

Les mots imposés sont : Piscine - implacable - serpent - débarquer - réveiller - jambe - aigre - échapper - guerre - furtif - oraison - s'élever - mythe