27 janvier 2015

Le Struthof

          Si je me décide à accorder un paragraphe à cet événement c’est parce que j’ai entendu sur RTL ce matin, une personne déclarant que le camp du Struhof dans les Vosges n’avait jamais existé. Quelle aberration !

          Quand j’avais douze ans, avec mes parents nous avons visité ce camp avec un guide qui nous donnait des explications pour chaque lieu. Certains baraquements avaient disparus mais d’autres étaient figés sous un ciel gris et dans une ambiance macabre. Mes parents étaient-ils conscients de ce que cela impliquait dans notre cerveau d’enfant ? Je ne crois pas. mon frère Vianney avait neuf ans, le benjamin Reynold, cinq ans, ma sœur Sylvie six ans.

          Je ne crois pas qu'à ce jour mes frères (ma soeur étant décédée)  se souviennent avec précision de cette visite, en ce qui me concerne je n’ai absolument rien oublié.


          Le temps était à la pluie, de gros cumulus stagnaient au dessus du camp ce qui ajoutait une atmosphère encore plus désolante. A l’entrée, un grand panneau sur lequel étaient exposées des images atroces dont je n’ai compris le sens que par les paroles du guide. Ces images ont été enlevées plus tard.

          Je portais un pantalon blanc et un tee-shirt noir et sur mes chaussures s’accumulait une bizarre poussière. J’appris plus tard qu’il s’agissait des cendres des déportés  dont furent  faits les jardins.

          Vint la visite de la chambre à gaz, une pièce carrelée, vide où avaient été entassés de pauvres gens, entièrement nus et rasés de la tête aux pieds. L’homme, qui énumérait les sévices, la manière dont le gaz entrait dans la pièce et la réaction des corps face à ce gaz pendant dix minutes environ, me paraissait monstrueux. Les détails sont encore ancrés dans ma mémoire.

           Le guide nous emmena ensuite dans la pièce adjacente, également tout en carreaux jaunis et nous parla des deux grands bacs à formol où étaient conservés les corps démantelés. Plus loin, des bocaux en terre avec des étiquettes en allemand se trouvaient sur une étagère.

          Puis vint la chambre dont le centre était pourvu d’un four crématoire dont la porte ronde était ouverte et laissait découvrir des cendres humaines. A droite, un ascenseur rudimentaire, un brancard attaché avec une ficelle aux quatre coins, brancard où arrivaient les malheureux, parfois encore vivants mais très faibles et qui furent jetés dans les flammes.*

            En voyant des chaussures dépareillées ponctuées de taches de sang, en imaginant le carnage, j’eus un violent haut le cœur et je suis sortie de l’enceinte en courant pour prendre l’air. J’avais l’impression que mes vêtements étaient imprégnés de l’odeur de cet horrible site. Certaines taches sur les murs avaient été cachées par de la peinture blanche mais elles réapparaissaient au fil du temps.

          Cette visite fut une grossière erreur. Nous étions trop jeunes pour un tel périple ! J’en ai longtemps fait des cauchemars et 57 ans plus tard, tout est encore présent à ma mémoire. 

          Alors qu’une personne dise que ce camp n’existait pas, cela me révolte !

Dame mauve le 27 janvier 2015


20 commentaires:

  1. Bonjour
    J'ai aussi visité ce camp quand j'étais enfant ça m'a beaucoup marqué je suis Alsacienne et confirme bien que ce camps existe bonne journée Evy

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    1. En relisant mon texte j'avais également fait des fautes, l'émotion de ce souvenir pénible sans doute.

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  3. je n'ai jamais fait ce genre de visite, je suis sûre que je serais marqué à vie ! rien que les reportages à la télé me touche profondement ! bonne journée

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    1. Je n'ai jamais imposé ce genre de visite à mes enfants. J'en ai trop souffert.
      Bisous

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  4. que cela doit être dur à visiter et surtout pour des enfants

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    1. Je crois que mes frères et soeurs n'ont pas écouté attentivement les explications, ils jouaient ensemble mais moi, à douze ans je me souviens de tout.

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  5. Hélas !
    Il y aura toujours des négationistes, des personnes qui pensent que tout est complot, que rien n'est vrai.
    Il y en a qui mettent en doute la véracité des derniers attentats... alors...

    le monde est fou... :(

    Merci pour ton témoignage.
    Bisous et douce journée.

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    1. Entendre cela à la radio le matin au réveil m'a immédiatement fait réagir.
      Bisous

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  6. bonjour !
    je l'ai visité avec mes parents j'étais encore en primaire !! ça fait un sacré effet - de marcher sur un sol que tant de personnes ont foulées !! le four- les indications-
    on en ressort glacé ! mais j'ai bien encaissé le choc-
    je n'y ai pas emmené mes enfants par contre---
    n'oublions jamais !!

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    1. Je crois que je n'ai jamais encaissé ce que j'ai vu et entendu.
      Bisous à vendredi.

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  7. Mon petit-fils avait 16 ans quand il l'a visité, ainsi que le musée, avec sa classe de troisième.
    C'était au mois de novembre et il y avait de la neige. Il nous en a beaucoup parlé ...
    Bonne soirée.

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    1. Cela a dû le marquer. Quand j'y pense, je frissonne encore.
      Bonne nuit

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  8. Bonjour Violette Quel courage d'avoir témoigné en écrivant ce texte.Tu as raison ce n'est pas une visite pour des enfants. Déjà que leur raconter ces évènements c'est dur..alors leur montrer c'est pire. même si l'on ne doit pas oublier

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    1. C'est qu'il ne faut pas oublier mais pour les enfants, leur en parler est normal à partir d'un certain âge mais pas la visite, du moins pas à l'âge que j'avais car j'ai encore dans les oreilles la voix du guide, un ancien déporté.
      Bisous

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  9. Terrible. Je pense aussi qu'il faut épargner de telles visites aux jeunes enfants. Moi-même j'ai vu un film sur la déportation à l'âge de dix-douze ans, et ça m'a vraiment secouée. Le devoir de mémoire, oui ; mais pas n'importe comment.

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  10. les négationnistes, mais que cherchent ils donc?????c'est lamentable!!!!!tu as eu raison de faire cet article et d e rendre hommage à toutes les victimes....j'ai lu énormément d e livres sur les camps entre 12 et 15 ans et j'en ai fait des cauchemars récurrents jusqu'à plus de 40 ans...je suis incapable de regarder un film ou pire encore un docu sur ce sujet et je ne pourrais visiter ces lieux d'horreur, néanmoins le devoir de mémoire est une nécessité

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  11. les négationnistes, mais que cherchent ils donc?????c'est lamentable!!!!!tu as eu raison de faire cet article et d e rendre hommage à toutes les victimes....j'ai lu énormément d e livres sur les camps entre 12 et 15 ans et j'en ai fait des cauchemars récurrents jusqu'à plus de 40 ans...je suis incapable de regarder un film ou pire encore un docu sur ce sujet et je ne pourrais visiter ces lieux d'horreur, néanmoins le devoir de mémoire est une nécessité

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  12. Bonsoir Violette je suis allée visiter le camp avec l'école , je devais avoir entre 10 et 12 ans , et je m'en rappelle bien , d'ailleurs toutes les baraques étaient encore debout, on a visiter l'intérieur et aussi la salle avec le four crématoire , vraiment impressionnant et presque traumatisant pour nous ! Mais le pire pour beaucoup et pour moi , c'était la visite des salles où il y avait encore les " tables " où les médecins faisaient leurs expériences , je crois que je me souviendrai toujours des " rigoles " sur les côtés des tables, sans doute pour que le sang s'écoule enfin moi c'est comme ça que je l'ai vu à l'époque !!!! je pense qu'on était trop jeune pour une telle visite ! je suis comme toi, j'ai eu l'impression que ça sentait une odeur particulière ! alors dire que ça n'a jamais existé ? c'est une honte . bonne soirée. bisous

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