30 décembre 2012

Les enquêtes du commissaire Perlicchi 9



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Reconditionnement

          Caroline savait que le commissaire ne comprenait pas pourquoi elle était restée si longtemps dans un endroit aussi détestable.

         

          Elle expliqua alors que son mari avait réussi à la persuader que si elle restait calme et sereine elle pourrait s’occuper de son enfant car le Supervisor n’admettait auprès des enfants que les femmes qui croyaient en ses préceptes.



          Elle fut donc priée de se rendre aux réunions pour progresser dans la connaissance de soi, pour que l’enseignement de son enfant suive une courbe ascendante vers la perfection. Ces séances avaient lieu dans une immense pièce en rotonde où toutes les mères des garçons du Maître étaient réunies. Caroline ricanait sous cape, sous le couvert d’accepter les conditions, elle projetait un plan pour s’évader.



          Hélas ce ne fut pas aussi simple qu’elle l’imaginait. Auparavant il lui fallait obtenir la confiance totale de son mari, donner le change auprès des « frères et sœurs » et surtout ne pas s’opposer aux « affaires » du Supervisor ! Allait-elle longtemps  pouvoir supporter toutes les contraintes sans faire remonter ses sentiments à la surface ? Serait-elle assez douée pour jouer la comédie ?



          Un jour, arrivant un peu en retard à une séance, Cachée derrière un gros chêne, elle fut témoin d’une scène qui l’horrifia. Une des mamans avec qui elle s’était liée d’amitié était traînée par deux sbires au sortir de la « maison des punitions ». La jeune femme était toute dépenaillée, les yeux hagards et d’une maigreur incroyable ! Voilà pourquoi elle ne l’avait pas revue depuis une quinzaine de jours et personne n’avait osé lui dire où elle se trouvait. La malheureuse hoquetait qu’elle avait compris la leçon et les suppliait de lui donner à boire. Insensibles à sa prière les deux maîtres de la sécurité l’entraînèrent au fond du parc, la partie uniquement autorisée aux adeptes du septième degré.



          Le commissaire écoutait attentivement cette partie du récit. Caroline les avait-elle suivis ? Oui… Ils avaient déposé la pauvre femme devant un arbre et… Un projectile l’attint en pleine tête… Caroline allait pousser un cri quand sa bouche fut bâillonnée par deux mains puissantes. Thomas lui murmurait à l’oreille : « Surtout ne crie pas…. Ta vie est en danger s’ils s’aperçoivent de ta présence… Retourne dans ton lit et fait mine d’être malade, il est trop tard pour te présenter à la séance… Tu ne dois surtout pas donner l’éveil… » Caroline sentait la peur de Thomas, identique à la sienne, mais pas pour les mêmes raisons. Lui certainement par crainte de perdre le degré qu’il venait d’acquérir et elle la terreur de finir comme cette malheureuse.



          Le commissaire Perlicchi avait du mal à contenir sa colère. Qu’avaient-ils fait du cadavre ? Enterré sous la statue mobile du Maître près du lac aux cygnes. Cet endroit si paisible était le réceptacle de l’horreur ! Traumatisée par ce qu’elle avait vu, Caroline avait repoussé son évasion. Elle devait parfaitement la préparer car si elle échouait, elle finirait…



          Jour après jour elle revoyait la scène. Thomas lui proposa de participer à la tournée de recrutement, cela lui changerait les idées…. Comment pouvait-il lui demander d’entrainer d’autres personnes dans cette galère ? Elle le pensa mais ne le lui dit pas. Il était chercheur de proies et cela l’écoeurait mais elle devait se contenir, elle ne voulait pas être séparée de son fils et surtout ne pas se retrouver dans la maison punitive !



         Le commissaire devait réussir à obtenir un mandat pour fouiller les alentours du fameux lac aux cygnes mais les seuls aveux de Caroline ne suffisaient pas. Il lui fallait des preuves… Il en parlerait plus tard, il ne fallait pas effrayer la jeune femme…


A suivre...

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