30 décembre 2012

Les enquêtes du commissaire Perlicchi 8



8
L’affreuse vérité


          Oui le fils de caroline était vivant. Il était aujourd’hui âgé de dix ans. Où était-il ? Elle hésita un moment, puis : « Il est toujours dans cette maudite communauté ». Etre libre sans lui la minait depuis son évasion. La pensée de ce qui s’était passé la faisait frémir d’horreur…. Il y a trois ans, elle avait presque réussi à sortir de la secte sans se faire remarquer quand son fils Mickael s’était mis à hurler, à se débattre et lui avait échappé ! Il ne voulait pas quitter sa « maison » ni son père. Quel père ? Là était toute l’histoire.



          Le commissaire Perlicchi apporta un verre d’eau à Caroline, ce simple geste la mit en confiance et lui donna le courage de continuer son récit. Quel drame allait-elle encore évoquer ?



          Après l’accouchement, Thomas se présenta pour la féliciter d’avoir eu un garçon. Ces effusions à retardement la mirent en colère ! Le dernier souvenir qu’elle avait de lui était la fuite ! Où était son fils ? Elle ne l’avait pas revu depuis la naissance plusieurs heures plus tôt. Il tenta de la calmer en lui affirmant qu’ils allaient se rendre à la pouponnière dès qu’elle serait en mesure de marcher. Les mamans avaient le droit de visiter la pouponnière et la maison des enfants du Supervisor. Mais ce n’était pas le fils du Maître mais celui de Thomas, pourquoi ne pouvaient-ils l’avoir avec eux ? Thomas semblait nerveux par les questions de sa femme. Une « sœur » lui tapota l’épaule et lui dit :

« Il faut l’affranchir à présent, lui faire entendre raison, lui expliquer notre vieille coutume de la descendance pour la survie de notre Ordre… »



          Le commissaire commençait à entrevoir la vérité. Il avait beau être habitué aux récits d’horreur mais là cela dépassait tout ! Caroline avait la gorge serrée. Le commissaire lui prit la main. Lentement l’angoisse s’amenuisait.



          Thomas lâcha donc le morceau : Mickael est bien le fils du Supervisor et non le sien… Caroline repensa à sa nuit de noce, la douleur ressentie ! Le Maître l’avait violée ! Non hurla Thomas ! Mais alors comment était-ce possible ? L’explication fut épouvantable. « J’ai choisi la date de notre mariage en fonction de ta fertilité… Puis tu as subi une insémination artificielle avec le sperme du Supervisor… Pour être sûr que cet enfant soit de lui, nous n’avons pas eu de rapport jusqu’à ce que tu sois enceinte… Maintenant nous pouvons avoir d’autres enfants puisque le premier est un garçon…». 



          Comment avait-il pu se prêter à cette horreur ? Vu sa position dans l’Ordre n’avait-il pas le loisir de donner son avis ? D’autres enfants ! Jamais elle n’aurait d’autres enfants ! Thomas ne put continuer car la « Sœur cuisinière » apportait le repas pour que Caroline reprenne des forces. La jeune femme jeta le plateau à terre… Elle ne voulait pas manger mais voir son fils, elle n’en avait que faire des miasmes de ces lois stupides de l’Ordre. Thomas assistait impuissant à la colère incontrôlée de sa femme



          L’attitude de Caroline, du moins de  « Sœur Uriel », fut rapportée au Supervisor qui convoqua aussitôt Thomas. Il lui fallait absolument calmer son épouse pour ne pas provoquer de panique dans la communauté. Le Maître allait le désigner pour le prochain degré de l’Ordre à la condition qu’il ait toujours l’ascendant sur son épouse et qu’elle se conforme aux critères du Prisme de la Vérité. S’il n’y parvenait pas, des mesures seraient prises pour la remettre dans le « droit » chemin. Une initiation plus condensée serait alors prévue… Il ne devait pas rester acteur mais participer à l’évolution de l’Ordre.


          Le commissaire avait imaginé un scénario mais cela dépassait l’entendement. Heureusement que Caroline s’était échappée de cette prison ! Mais elle y était restée plus de dix ans ! Que s’était-il donc passé pour qu’elle ne parte pas plus tôt ?

A suivre...

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